«Et elle me raconte l’histoire du Beau Voilier chargé d’êtres humains. Des centaines de millions d’êtres humains.
Au départ, il s’agissait d’un long voyage d’exploration. Ces hommes voulaient savoir d’où ils venaient, où ils allaient. Mais ils ont complètement oublié pourquoi ils sont sur ce bateau. Alors, peu à peu, ils ont engraissé, ils sont devenus des passagers exigeants, la vie de la mer et du bateau ne les intéresse plus. Ce qui les intéresse, c’est leur petit confort. Ils ont accepté de devenir médiocres, et lorsqu’ils disent: “C’est la vie», ils acceptent de se résigner à la veulerie.
Le capitaine s’est résigné, lui aussi, parce qu’il a peur d’indisposer ses passagers en virant de bord pour éviter les récifs inconnus qu’il perçoit du fond de son instinct, la visibilité baisse, le vent augmente, le beau Voilier continue au même cap. Le capitaine espère qu’un miracle se produira pour calmer la mer et permettre de virer de bord sans déranger personne.
Le soleil est monté jusqu’à la méridienne. Il a passé la méridienne, et je n’ai toujours pas bougé. Maintenant, ma mouette dort sur mon genou. Je la connais depuis longtemps. C’est la Goélette blanche, elle vit sur toutes les îles où le soleil est le dieu des hommes. Elle part en mer le matin et regagne toujours son île le soir. Alors, il suffit de la suivre. Et elle est venue m’avertir à plus de sept cents milles aujourd’hui, pourtant elle ne s’éloigne pas à plus de trente ou quarante milles d’habitude. Je l’avais cherchée en vain dans l’océan Indien pendant que Marie-Thérèse courait vers les récifs. Et j’avais perdu mon bateau dans la nuit. La vérité, c’est que je dormais l’après-midi dans le confort de ma cabine quand la Goélette blanche voulait me montrer l’île cachée derrière les récifs.
Alors elle se réveille et me raconte encore le Beau Voilier où bon nombre d’hommes sont restés des marins. Ceux-là ne portent pas de gants, pour mieux sentir la vie des cordes et des voiles, ils marchent pieds nus et conservent le contact avec leur bateau si grand, si beau, si haut, dont les mâts arrivent jusqu’au ciel tout là-haut. Ils parlent peu, observent le temps, lisent dans les étoiles et dans le vol des mouettes, reconnaissent les signes que leur font les dauphins. Et ils savent que leur beau Voilier court à la catastrophe.
Mais ils n’ont pas accès à la barre ni aux cabillots, tas de va-nu-pieds tenus à longueur de gaffe. On leur dit qu’ils sentent mauvais, on leur dit d’aller se laver. Et plusieurs ont été pendus pour avoir tenté de border les écoutes des voiles d’arrière et de choquer celles des voiles d’avant afin de modifier au moins un peu le cap.
Le capitaine attend le miracle, entre le bar et le salon. Il a raison de croire aux miracles… mais il a oublié qu’un miracle ne peut naître que si les hommes le créent eux-mêmes, en y mettant leur propre substance.»
Bernard Moitessier 196
livre
Entre 2010 et 2018, j’ai souffert d’une maladie auto-immune qui a sérieusement restreint mes possibilités d’activités physiques. Je parvenais à travailler comme ostéopathe, mais avec parfois de grandes difficultés.
J’ai donc dirigé mon attention vers d’autres objectifs moins «dynamiques». Dans ce sens, pour me distraire et aussi pour «témoigner», j’ai écrit un roman.
Je raconte les pérégrinations de deux jeunes qui doivent survivre dans un environnement transformé par les guerres et les destructions orchestrées par l’Homme et son aspiration à dominer. Une histoire qui se passe dans un futur de plus en plus proche avec les non-sens écologiques et politiques qui font loi dans ce monde.
Au travers des épreuves et des aléas de la vie, les héros développent une empathie et apprennent le partage.
Chaque être vivant a besoin d’espoir et actuellement, ou dans cet avenir imaginé, celui-ci fait défaut. Nous devons compter sur la jeunesse et son envie de trouver une nouvelle voie pour que l’existence sur terre puisse de nouveau être supportable.
Merci à elle de nous donner et de trouver cette force de changer maintenant ce qui peut l’être afin que la Biodiversité et l’Humanité puissent retrouver une harmonie.
même si le titre de mon livre peut paraître agressif!
même si il fait figure de dystopie, …
la réalité n’est pas si loin!
l'eau commence déjà à manquer sur terre
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nouvelles
J’ai commencé à écrire la suite de «la Guerre de l’eau», mais le temps me manque et pour bien rédiger, il faut se plonger corps et âme dans le texte. L’inspiration vient dans ma main qui tape sur le clavier et ce n’est pas possible au compte goutte.
J’avais et j’ai toujours envie de raconter des histoires. Je me suis dit que je pouvais envisager quelque chose de plus court, qui se boucle en 2 ou 3 semaines. Des aventures que je pouvais rejoindre ou quitter sans tout perdre. Un instant, une bribe, comme le regard de quelqu’un qu’on croise dans la rue qui soulève une émotion ancrée tout au fond du corps.
Bref, voilà: Fragments
Il s’agit de nouvelles issues de mes rencontres avec les patients que j’ai traités durant ma carrière de thérapeute, qui se sont mélangées avec des figures de mon entourage et les personnages de mon être intérieur.
Chaque nouvelle est une bribe de vie ou un passage. Chaque acteur est purement le fruit de mon imagination même si certains et certaines s’y retrouveront parfois quelque part. Voici les premiers titres:
- la femme au chapeau
- tu me fais un bébé
- le bélier